Articles

 1. Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à quitter la Roumanie pour migrer au Québec ? 

L’idée d’émigrer m’est venue de manière presque spontanée, sans trop y réfléchir. C’était en 1999, lorsqu’un gouvernement d’allure plus démocratique avait remplacé celui communiste survenu après la chute de Ceausescu, en 1989. Au lieu d’un changement radical des structures, il était vite devenu évident pour tout le monde qu’on assistait en réalité à une sorte de maquillage de surface, sans aucun impact majeur sur les structures de profondeur. Dix ans après la chute d’un régime communiste qui avait fait la Roumanie retourner au Moyen Âge, l’espoir de la jeune génération d’assister aux changements, aux réformes, aux procès des anciens collaborateurs, à la condamnation des abus n’était plus qu’une illusion. La Roumanie n’a jamais été le pays des bouleversements radicaux. Chez nous, les nouveautés arrivent par inertie et lorsque le décalage avec le reste du monde devient trop évident. Bref, je n’avais pas le choix que de partir et d’essayer un destin à mon compte, au-delà des inadvertances nationales. La deuxième raison était qu’en 1999 je suis devenue officiellement écrivaine avec un livre qui a plu et qui a eu beaucoup de succès en Roumanie. Il s’agit du roman Le pays du fromage. D’une certaine manière, l’émigration était une manière de mettre à l’épreuve mon talent d’écrivain. Je me suis dit alors que s’il s’agissait d’un talent véritable, il devrait se confirmer aussi à l’extérieur. Le départ a été donc déterminé d’un côté par la déception devant l’immaturité politique de la Roumanie et, de l’autre, par l’espoir d’une réussite personnelle, au-delà de la frontière nationale. 

Lire l’interview ICI

 

Vanessa Pesarini 

Universita di Trento 

Anno accademico: 2016/2017