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2011

La fête s’était poursuivie jusqu’après minuit, jusqu’au moment où elle avait pris fin brusquement. Les Comans avaient vite remplacé les brocs par les couteaux. […] Les jeunes Slavines avaient à peine eu le temps de comprendre ce qui leur arrivait. Au début, elles avaient cru à une plaisanterie et avaient commencé à rire lorsqu’elles s’étaient vues hissées, comme des sacs, sur l’épaule des hommes. C’est le cri aigu de l’une d’entre elles qui avait donné le signal des lamentations. Les femmes avaient alors compris, d’un coup, qu’elles étaient victimes d’un enlèvement perpétré à la faveur d’un repas censé être amical.

Felicia Mihali s’est librement inspirée de deux légendes, celle de l’enlèvement des Sabines et celle des Danaïdes. Dans son roman, les Comans enlèvent des Slavines, les filles du village voisin, lors d’un souper festif où ils les ont conviées avec leurs familles. Le lendemain, ils les épousent. Comment réagiront-elles ? Suivront-elles l’exemple des Sabines, qui ont incité leurs pères et leurs maris à se réconcilier, ou celui des Danaïdes, qui ont tué leurs maris le soir de leurs noces ?

L’enlèvement de Sabina est un roman baroque qui tient tout à la fois du conte populaire, du roman d’aventures, de l’épopée et du thriller. Tout en s’inspirant de la mythologie et des légendes, il est fortement ancré dans la vie quotidienne des villageois. Anachronique, il emprunte aussi bien à l’Antiquité qu’au Moyen Âge, hanté par les Croisades, tout en faisant des clins d’œil à l’époque contemporaine. Ludique, il traite néanmoins d’un sujet fort sérieux: les relations homme-femme.

Parfois, des gens nous demandent ce que l’on fait des livres reçus pour lecture et appréciation. Question pertinente qui mérite une réponse appropriée. On en garde, on en donne, on en  » égare  » dans des lieux publics, tels des bistrots, des quais de métro, des parcs. Durant les grèves postales, on en a glissés dans quelques boîtes aux lettres. Jamais, on en vend, on aurait mauvaise conscience. Aujourd’hui, on parle du dernier roman de Félicia Mihali, L’enlèvement de Sabina.

Cela se passe dans deux villages voisins où règne la bonne entente, au point de festoyer ensemble. Pourtant, un soir après moult libations, les Comans enlèvent dix-huit jeunes filles slavines, pour les marier à dix-huit jeunes hommes de leur clan. Chacun fera son choix, retournera chez lui accompagné d’une épouse. Un seul restera célibataire, Kostine. Sa promise, Sabina, ayant flairé le piège, s’est enfuie avec l’aide de son père, « enseignant expérimenté. » Honteux, Kostine partira de chez sa mère pour conquérir sa belle… Pendant ce temps, la vie s’est organisée chez les Comans. Onou, chef du village, bien qu’il protège les Slavines, s’avère inquiet et méfiant, les villageois slavins ne s’étant pas soulevés pour délivrer leurs filles. Peu à peu, débonnaire, il oubliera. Nous observons une région innommée où la paix règne. Au loin, grondent les clameurs de guerres fomentées par les barbares. Qui sont-ils ? Des peuples asiatiques, slaves, dépeints plus tard par Kostine qui, parvenu dans le village de Sabina, se fait kidnapper par des hommes soudoyés par le père de la jeune fille. De force, il ira à la guerre… Les femmes qui ont épousé les Comans établissent entre elles une complicité créative, qui leur font ouvrir des commerces prospères dont profitent leurs époux, pour la plupart médiocres, ivrognes, impotents.

Ainsi le temps dérive, savamment orchestré par Félicia Mihali. Chaque chapitre se sous-titre de mois ou d’années pendant lesquels, lentement, le village évolue. L’air de rien, les jeunes femmes imposent leurs préceptes simples et, certaines devenues veuves, retournent dans leur village, avec l’accord bienveillant d’Onou qui, toujours, a favorisé un bonheur tranquille dans sa communauté. Bonheur malmené par de perpétuelles manigances, par des menaces d’invasion, par l’attaque imprévisible des loups et des ours. Dans ce lieu aux allures enchevêtrées se profile un Moyen-Âge perclus de ses misères, de ses épidémies, de ses superstitions. S’obombrent aussi les Croisades : cotte de mailles, champs de bataille où périssent à coups de hache, des chevaliers valeureux et naïfs. Kostine se fera le porte-parole de ces épopées visionnaires — ô Jérusalem ! — où la vie d’un homme ne valait pas grand-chose, sinon rien. Parcourant des contrées inconnues, avançant dangereusement vers Sabina, il se liera d’amitié avec des êtres qui, tout comme lui, ont peu à perdre. Pendant dix-sept ans, il soutiendra des aventures fabuleuses, comme celle de l’Orphelin, jeune prince déchu, sa halte improbable dans le pays de Kokane. Il profitera d’opportunités s’offrant à lui : un jongleur qui, au moment de leur séparation, l’avisera d’une vierge et d’une licorne ; le chevalier Kross qui, las de ses tribulations, se retirera dans un monastère. Une aura ensorcelante ne cesse d’embellir cette histoire, ce conte, serait plus adéquat. Un rêve prémonitoire engagera Kostine sur la route insondable de sa bien-aimée.

Chez les Comans, les femmes vieillissent, les hommes meurent. Le village se banalise, les Slavines rentrant chez elles quand leur mari décède. Fatiguées mais déterminées, les villageoises se partageront un terrifiant secret, le confieront au lecteur. Nul besoin de références légendaires pour situer le roman. L’intrigue, menée avec perspicacité par Mihali, se soustrait à des influences immémoriales. Imagination débridée, goût démesuré du merveilleux, culture livresque se prêtant à différentes interprétations — on soupçonne que la Roumanie, pays natal de l’écrivaine, ne soit pas étrangère à la description des mœurs féodales des villages. Histoire intemporelle qui nous surprend, nous ébranle. Relents fantasmagoriques s’inspirant de nos sociétés industrialisées. Tragédie et ludisme harmonisent le récit tout en privilégiant les relations humaines. Hommes et femmes, prisonniers de leurs ancestraux préjugés, ne savent se dépêtrer d’une perpétuelle malédiction, dissimulée au comble de sentiments vieux comme le monde, usés telles de vaines promesses.

Roman à lire à petites doses, comme nous lisions au siècle dernier, chacun dans son genre, Balzac et Marcel Proust. Avec délice et enchantement. C’est dire que cette œuvre touffue et accomplie, échappe à toute mode contraignante. À lire encore pour nous souvenir que l’esprit déborde d’images archaïques, léguées par des hommes et des femmes, ostracisées par nos déliements.

L’enlèvement de Sabina, Félicia Mihali, XYZ éditeur, Montréal, 2011, 286 pages.

(Dominique Blondeau)

Un roman au carrefour des légendes et des cultures : L’enlèvement de Sabina de Felicia Mihali (XYZ Editeur, Montréal, 2011, 284 p. )

Pour donner une épouse aux nombreux célibataires du village, les Comans invitent à la fête des Moutons – qui annonce la fin de l’été et le début de la gestation hivernale – les Slavins, leurs voisins, accompagnés de leurs femmes et surtout de leurs files. Sous prétexte d’hospitalité, ils font boire à leurs invités tant de vin que ceux-ci ne pourront pas défendre les seize vierges enlevées lorsque la fête sera rompue. Deux jours plus tard, ces filles – belles ou laides, intelligentes ou pas très malines, calmes ou nerveuses, bonnes ménagères ou paresseuses – deviendront des épouses pas plus fortunées que celles du village d’accueil ou bien du reste du monde. Une vie nouvelle commencera pour Kira, Nafina, Minodora, Flora, Gostana, Sarda, Efstratia, Aspasia, Assana, Teodora, Rada, Olimpia, Vava, Vergina, Zaza et Pantana, qui n’auront d’autre choix que de faire comme toute femme mariée : procréer ; s’occuper du mari, de la maison et de la ferme et, parfois, même des beaux-parents.

C’est le point de départ du plus récent roman de Felicia Mihali, L’enlèvement de Sabina, qui puise son inspiration dans le riche réservoir de la mythologie romaine (l’enlèvement des Sabines, aux premiers temps de la fondation de Rome, pour forger un peuple nouveau) et grecque (la punition appliquée par les Danaïdes à leurs ravisseurs).  C’est, comme la IVème de couverture l’indique, « un roman baroque qui tient à la fois du conte populaire, du roman d’aventures, de l’épopée et du thriller ». Je dirai même : un roman qui se situe au carrefour des légendes et des cultures, surtout balkaniques, dont des éléments se retrouvent dans l’intrigue, sans pour autant définir les coordonnées spatiales ou temporelles de l’histoire. D’ailleurs, cette intemporalité dans laquelle flotte le récit et cette absence de jalons spatiaux précis ne manque pas de clins d’œil aux cultures de l’Est européen (dont la Roumanie), à l’Empire Ottoman (qui y régna jadis), ce qui ne fait qu’accroître la valeur de symbole de ce village, centrum mundi où les fils de l’histoire se croisent.

Comme un tisserand assis à son métier pendant les longues nuits d’hiver, Felicia Mihali – de plus en plus ouverte au multiculturalisme, après une décennie d’existence québécoise – a le savoir de mélanger des couleurs et des matières empruntées à des ensembles culturels différents, pour en créer cette véritable saga dont le principal enjeu est une méditation sur la femme face à la violence et à un environnement hostile, sur les rapports de l’identité à l’altérité.

En parallèle avec l’histoire qui se passe dans le village des Comans – où les Slavines enlevées semblent s’intégrer petit à petit, adoptant les traditions d’ici ou bien imposant leurs coutumes, dans un mélange qui tient de la construction de toute société patriarcale (cuisine, objets ménagers, occupations, vêtements) – on assiste aux pérégrinations de Kostine, le seul garçon resté sans épouse. Sabina, celle qu’il comptait enlever à minuit, s’était enfuie avec son père et le voyage que le prétendant entreprend pour la retrouver dure 17 ans, c’est-à-dire l’intervalle dont les Slavines ont besoin pour rentrer dans leur village, après avoir tué chacune son mari, de manière à ne pas éveiller de soupçons.

Recruté de force par une armée combattant les envahisseurs enturbannés, le jeune homme a l’occasion de connaître d’autres espaces, d’autres peuples, d’autres cultures. Tel un Ulysse (supposément) valaque, Kostine traverse monts et vallées et, après des exploits guerriers dont il n’est pas fier, après des rencontres qui lui ouvrent les yeux sur la diversité du monde, après même un rêve surréaliste où il voyage dans l’avenir (un remake du conte folklorique roumain Jeunesse sans vieillesse et vie sans mort), le héros retrouve Sabina et la demande en mariage.

La moralité de cette partie de la fable – couronnée par le succès de la  longue quête du jeune homme et les retrouvailles du couple -, est exprimée par le vieux charretier qui transporte Kostine au village de sa bien-aimée et elle trahit la peur ancestrale de l’étranger, de l’inconnu qui, dans son optique,  peut nuire : «Il dit à Kostine que le mal vient d’abord de ce qui ne nous appartient pas. La maison, par exemple, est un bon endroit, car on y connaît tout. À cause de cela, il est mauvais de la quitter. L’homme doit toujours vivre dans sa maison. Pas besoin d’aller vers l’inconnu. Notre maison nous offre tout ce dont on a besoin, tout comme notre cour et notre jardin, de bons endroits eux aussi. Rien de ce qui est à l’extérieur n’est indispensable. Une maison abandonnée est le pire des lieux à imaginer. Et si on déménage dans une maison étrangère, la malchance sera toujours à nos trousses. Le malheur de ceux qui l’ont abandonnée poursuit les nouveaux habitants. L’homme le plus riche ne peut redonner vie à des ruines, affirma-t-il. Et puis, il y a l’étranger, ajouta le vieux, en regardant Kostine dans le blanc des yeux. D’où qu’il vienne, c’est d’un mauvais lieu : quoi qu’il fasse, il restera un indésirable.» (p. 274)

Pour ce qui est de la vengeance des seize Slavines, Danaïdes impunies, elle révèle le côté obscur, parfois insondable, des relations homme-femme et, généralement parlant, des humains entre eux. Elle attire l’attention sur le moment où la victime peut de transformer en bourreau.

(Elena-Brandusa Steiciuc, LA CAUSE LITTÉRAIRE, France, janvier 2012)

Felicia Mihali n’hésite jamais à secouer certains mythes et légendes. Cette fascination lui permet de donner un second souffle à des archétypes et de les actualiser tout en laissant les coudées franches à sa fantaisie et son imaginaire.

Elle l’a déjà fait dans «La reine et le soldat», un roman qui m’a entraîné dans des pays lointains et singuliers.

Cette fois, elle s’inspire des Sabines qui ont été enlevées par les fondateurs de la Rome antique et des Danaïdes qui ont égorgé leurs maris le soir de leurs noces. Ces femmes ont été condamnées à vivre dans les enfers et à remplir un tonneau sans fond.

Les Slavines sont kidnappées lors d’une fête où l’on boit et mange plus qu’il ne faut et ramenées dans un village voisin.

«Passé minuit, au signal imperceptible de leur chef, les Comans avaient enlevé les Slavines. Personne n’avait remarqué leurs regards insistants sur les filles de leurs invités, tout au long de la soirée. Sous prétexte de remplir leurs verres, les jeunes hommes avaient tourné autour des tables pour évaluer des yeux leurs cheveux, leurs seins, leurs cuisses, leurs pieds, leurs dents. L’odeur du corps mâle aurait dû trahir le rut qui excitait leurs sens, mais les jeunes Slavines, pas plus que leurs familles, n’avaient rien compris de ce qui se tramait.» (p.12)

Curieusement, aucune riposte des familles, d’attaques pour venger l’affront. Les jeunes mâles se partagent les femmes comme un butin de guerre. Elles deviendront des mères et des épouses.

«Des vingt familles slavines invitées à la fête des Moutons, deux n’étaient pas venues accompagnées de leurs filles, pour des raisons inconnues. Cependant, à part Kostine, qui avait perdu de vue la femme désirée, et Veres, qui avait enlevé une enfant, au cours des jours qui suivirent, seize Comans épousèrent seize Slavines.» (p.27)

Ce pauvre Kostine devra errer une grande partie de sa vie pour retrouver Sabina, l’élue de son cœur, celle qui a su échapper à l’enlèvement.

La paix

Les jeunes femmes protestent au début, mais elles semblent s’intégrer rapidement à la communauté. Elles gagnent la confiance de tous et occupent des postes importants dans le village, dirigent un commerce, gardent les moutons, ce qui ne s’était jamais vu. La sorcière pousse très loin son pouvoir et ses connaissances.

Peu à peu, les hommes qui ont marié ces Slavines connaissent des morts violentes. Est-ce le malheur, une malédiction? Ce serait trop simple même si je n’y ai pas trop fait attention au début.

Pendant ce temps, Kostine parti dans le village voisin pour retrouver celle qu’il ne peut oublier, est pris dans une rafle de l’armée. Il devra faire la guerre contre les Asiatiques, apprendre à survivre. Il parcourt le monde et fait d’étranges rencontres. Un monde connu et aussi un univers imaginaire où tout est harmonie et bonheur. Il parviendra à rentrer chez-lui après bien des pérégrinations.

Le don de Felicia

Au-delà de l’histoire, ce qui importe dans «L’enlèvement de Sabina», c’est l’incroyable faculté de Felicia Mihali à décrire les usages, les coutumes alimentaires, les fêtes et les rituels. Elle connaît nombre de recettes, de potions, d’herbes qui guérissent et permettent d’éloigner le malheur.

«Il y avait du bon pain de blé et de seigle fraîchement sorti du four, du fromage gardé dans l’huile avec du basilic, des oignions marinés, des petits pois au fenouil, des haricots à la nuque de porc, du lard à l’ail, des saucissons frais, de la choucroute, des galettes au fromage doux assaisonné de raisins secs, des tranches de pommes, du sirop de sureau, de la citrouille cuite, des prunes en compote, le tout arrosé du meilleur vin, dérobé des réserves de leurs maris.» (p.165)

Ce qui pourrait rebuter plusieurs lecteurs est un délice pour moi. J’adore quand elle prend la peine de s’attarder aux rites funéraires ou encore à un événement important de la vie du village. C’est tout simplement fascinant.

Du meilleur Felicia Mihali où la puissante conteuse n’hésite jamais à mélanger le quotidien et le merveilleux. Des odeurs, des arômes et des couleurs qui étourdissent.

«L’enlèvement de Sabina» de Felicia Mihali est paru aux Éditions XYZ.

 

Yvon Paré (mercredi,14 décembre 2011)

Felicia Mihali construit depuis dix ans une œuvre aux contours changeants: autofiction, roman historique, docufiction. Avec L’enlèvement de Sabina, elle signe un roman baroque qui tient à la fois du conte populaire, du roman d’aventures, de l’épopée et du suspens.

S’inspirant librement de deux légendes mythiques de l’histoire romaine et grecque, celle de l’enlèvement des Sabines et celle des Danaïdes, la romancière nous transporte dans un pays imaginaire où les Comans enlèvent les Slavines, les filles du village voisin, lors d’une grande fête où ils les ont invitées avec leurs familles. Comment vont-elles réagir? Suivront-elles l’exemple des Sabines qui ont incité leurs pères et leurs maris à se réconcilier, ou celui des Danaïdes (légende grecque) qui ont tué leurs maris au cours de leur nuit de noces? La plume féministe de Felicia Mihali privilégie les battantes, les résistantes. Les Slavises emprisonnées contre leur gré n’accepteront pas leur destin. Leur appétit pour la vie n’aura d’égal que leur appétit de vengeance.

Très vite elles s’investissent dans la vie quotidienne du village, créent des entreprises et des commerces, au grand étonnement de leurs fainéants de maris et ravisseurs. Felicia Mihali fait preuve d’une grande maitrise dans l’analyse des relations complexes entre les hommes et les femmes. Rien non plus n’échappe à sa plume artistiquement soignée quand elle restitue les couleurs, les odeurs et les sensations tactiles d’un passé lointain.

Minutieusement construit, le roman emprunte aussi bien à l’Antiquité qu’au Moyen Âge hanté par les Croisades contre les hommes enturbannés du Nord. Kostine, le seul Coman qui a raté l’enlèvement de sa Slavine (Sabina), décide de partir sur la route à sa recherche. Enrôlé contre son gré, il devient le témoin privilégié de ces guerres de religion meurtrières. On découvre à travers cet épisode l’étendue des connaissances historiques de l’auteure ainsi que son intérêt pour le face à face subtil qui se dessinait entre l’Occident et l’Orient, entre les civilisations chrétienne et islamique.

Romancière, journaliste, Felicia Mihali signe un septième roman touffu, exigeant par le nombre des personnages, néanmoins pétillant d’intelligence. Quelle est la part du vrai, du faux, de la fiction, du réel dans le roman? Avec un imaginaire toujours en action, elle ne fait que réinventer le réel passé. Derrière ce septième roman, on sent le plaisir de raconter, la jubilation d’écrire et de jongler avec la mythologie et l’Histoire. L’enlèvement de Sabina confirme la voix singulière de la romancière d’origine roumaine dans la littérature québécoise actuelle.

Suzanne Giguère (Le Devoir, les samedi et dimanche, 25 décembre 2011)