Le Courrier de Laval – La rencontre échouée d’un soldat et un mannequin

La rencontre échouée d’un soldat et un mannequin

«C’est l’histoire de deux jeunes gens qui ont toute la vie devant eux, mais dont la guerre interrompt brusquement l’idylle.»Felicia Mihali, écrivaine

«Peu après, le 20 juin 2008, Christos Karigiannis était tué en service, raconte l’écrivaine installée dans Chomedey depuis 2002. J’ai appris que son enterrement aurait lieu dans Sainte-Rose, après une cérémonie très solennelle dans une église grecque orthodoxe. J’étais très touchée par cette histoire. Je voulais voir si la fille allait être là, d’autant plus qu’elle est d’origine roumaine comme moi.»

Bien que Kinga Ilyes soit absente, en vacances par-delà l’Atlantique, plusieurs éléments rejoignent Felicia Mihali. Elle apprend également qu’une bourse scolaire a été créée à la mémoire du militaire.

Ces émotions et différentes anecdotes l’habiteront quelques années avant d’écrire The Darling of Kandahar, paru chez Linda Leith Publishing en 2012. Le roman se retrouvera sur la liste des 10 meilleurs livres québécois de l’année 2013 de l’émission radiophonique Canada Reads, du réseau anglophone de Radio-Canada.

Le lectorat francophone peut compter sur sa traduction depuis le 29 octobre.

Touchée par l’histoire du soldat lavallois Christos Karigiannis, Felicia Mihali s’était rendue à ses obsèques officielles comme plusieurs autres de ses concitoyens, le 11 novembre 2008.

Croiser les histoires

Journaliste culturelle ayant déjà publié trois romans en Roumanie, Felicia Mihali s’était fait connaître par un premier livre Le pays du fromage (2002), développant déjà des thèmes lui étant chers telles l’immigration et la quête identitaire.

«Je continue à explorer ces thèmes dans La Bien-aimée de Kandahar tout en m’inspirant très librement et avec respect de cette histoire du MacClean’s, de préciser Felicia Mihali. J’ai changé les noms et certains détails de leur biographie. Il y a un côté épistolaire et historique, puisque 90 % du roman se déroule à Montréal.»

Aux confidences du soldat très critique de sa mission en terre afghane, lui qui tente de répondre aux questions du jeune mannequin féminin, l’auteure oppose le récit de la fondation de Montréal et des pans de son histoire.

«Le soldat relate ses sorties sur le terrain et échange des photos avec sa correspondante, d’ajouter Felicia Mihali. Les deux jeunes gens souhaitent se rencontrer un jour, mais la guerre en décidera autrement.»

Prolifique

Sans raison ni politique ni économique, Felicia Mihali a quitté son pays natal à l’âge de 33 ans, en 2000, afin de relever un nouveau défi. Elle se créera des contacts dans le milieu littéraire, notamment chez XYZ, où elle publiera Luc, le chinois et moi (2004) et Dina (2008), son roman précédent aux relents de thriller et d’autobiographie.

«Il y a toujours cette question très reliée à l’immigrant du besoin de revivre son passé et de résoudre tout ce qui est resté en suspens depuis le départ du pays d’origine», de souligner l’auteure de Sweet Sweet China.

Benoit LeBlanc

Le Courrier de Laval, 7 novembre 2016